Regards croisés sur le film « Ultraviolette et les cracheuses de sang »

Retour sur le film:

Ultraviolette et les cracheuses de sang est un long métrage documentaire proposé par Robin Hunzinger et Claudie Hunzinger à la 18ème édition du Festival International du Film d’Education d’Evreux. Ce film, débordant d’amour, est un hommage à la mère et la grand-mère des réalisateurs. L’histoire, contée par Claudie Hunzinger elle-même, reprend l’échange épistolaire entre Marcelle et Emma, la mère de Claudie pendant les années 20. Marcelle, seize ans et Emma, dix-sept ans sont deux jeunes femmes qui se sont rencontrées dans une école normale pour filles de Dijon. Cette rencontre créera une belle amitié et même plus entre les deux jeunes femmes. Leur amour durera deux ans. Par la suite, Marcelle deviendra institutrice et Emma continuera ses études à Dijon. Emma était le premier amour de Marcelle. Quelques temps après, celle-ci commença à avoir de la fièvre et une douleur quotidienne aux yeux. Le verdict tombe, elle est atteinte de la tuberculose. Elle sera envoyée dans un sanatorium en juillet 1928 afin d’essayer de soigner sa maladie. Là-bas, elle va faire trois merveilleuses rencontres : Marguerite, Hélène et Bijoux. Les trois jeunes femmes acceptent la mort mais Marcelle va leur redonner la joie de vivre avec des sorties, des séances de cinéma ou même des soirées pyjamas. Mais malgré le fait qu’elle se soit rapprochée des trois jeunes femmes, Marcelle aime toujours Emma. On apprend qu’Ultraviolette est le surnom de Marcelle. Le “gang des cracheuses de sang” provient du nom de groupe des quatres jeunes femmes, d’où le nom du film.

L’hôpital n’acceptant pas leur proximité, les a envoyées dans les Alpes “pour aller mourir ailleurs”. Les filles vont passer de très beaux moments ensemble. Mais malheureusement l’état de Marguerite s’aggrava. Elle meurt à 26 ans. Hélène, affaiblie, rejoindra Marguerite quelque temps plus tard. Marcelle, guérit, reprendra son métier d’institutrice. Elle adoptera une fille avec sa nouvelle compagne.

Interview avec Robin Hunzinger:

Nous avons eu le privilège d’échanger avec Robin Hunzinger suite à la projection, voici ce qui en est ressorti…

Savez-vous d’où provenait le surnom d’Ultraviolette, donné à Marcelle ?

“On ne sait pas trop, on suppose qu’elle irradiait dans sa manière d’être”

Un spectateur a donné une autre réponse. Sachant que la tuberculose était soignée grâce aux rayons ultraviolets du soleil, son surnom prendrait son sens.

Comment avez-vous réuni autant de données précises sur la vie des deux jeunes femmes ?

“Marcelle, lors de son séjour au sanatorium, écrivait une à deux fois par jour à Emma. De plus, ma grand-mère avait elle-même écrit un manuscrit en quinze exemplaires qu’elle avait nommé Miroir Brisée. Elle souhaitait partager son histoire.”

D’où viennent les images et les vidéos ?  

“J’ai recueilli pendant deux années, de nombreuses archives auprès des familles, des archives amateurs datant de 1920 à 1950”.

Avez-vous créé d’autres vidéos pour compléter le film? 

“Je suis retournée sur les lieux cités dans les lettres et nous avons filmé les paysages”.

Avez-vous cherché à retrouver la famille de Marcelle ?

“Oui, en effet, mais la jeune fille qu’elle avait adoptée est décédée en 2021”.

Les opérations citées dans le film ont-elles été réellement pratiquées?

“ Oui, les lettres nous en apprennent beaucoup. Les vidéos utilisées pour le film sont originaires des Etats-Unis. Ils filmaient les opérations pour transmettre les techniques expérimentales. Le Pneumothorax, beaucoup pratiqué, servait à arrêter la progression de la maladie et à espérer endiguer la contamination de l’autre poumon.”

 

Quel a été le temps de création ?

“J’ai commencé en 2006. Il m’a fallu lire plus de 1000 lettres, les trier et travailler sur le scénario. La collecte des images et des vidéos m’a pris plus de deux ans, elles viennent de toute l’Europe. Le montage m’a pris trois mois et trois autres séances de quinze jours. La bande son a été choisie et créée à l’aide de Marc Nemblard. Il a enregistré des trains, des écoliers et même ses propres enfants pour donner à la bande son de l’authenticité. On a voulu retrouver le grain des disques. De la musique pop a été ajoutée car ces images sont vivantes et contemporaines. J’ai, comme l’a si bien dit un téléspectateur à la séance d’hier, “désarchiver” ces archives.”

écrit par Êmina Bader et Marguerite Mezanger