Le « Fantôme de Spandau » est un documentaire réalisé par Idriss Gabel, le fils de Charles Gabel, et Marie Calvas, qui résume cette histoire d’amitié entre Rudolf Hess, ancien criminel nazi et son aumônier, Charles Gabel. Les thèmes abordés dans ce long-métrage sont le pardon, la prison et la religion.
En 1923, Rudolf Hess s’investit dans la tentative du putsch de la Brasserie* avec Adolf Hitler et sont emprisonnés, c’est à ce moment-là qu’Hitler écrira son fameux manifeste politique, « Mein Kampf ». Durant les lois antisémitismes de Nuremberg en 1935, il y participera et fera des représentations pour Adolf Hitler. L’ancien dauphin du Führer, est mis en prison en 1941, suite à son mystérieux décollage vers l’Écosse afin de proposer un traité de paix avec le Royaume-Uni, de 1941 jusqu’à 1987, à sa mort.
Quand il avait 10 ans, le père de Charles Gabel est parti à la guerre contre les nazis et a été emprisonné pendant 2 ans. La mère de celui-ci n’éprouvait pas de haine ni de colère envers les allemands, ses sentiments étaient réservés à l’idéologie du nazisme et non pas aux individus. Ces événements l’ont beaucoup marqué mais malgré tout, Charles n’a jamais eu de ressentiments envers Rudolf Hess durant sa vie d’adulte.
Hess sera d’ailleurs emprisonné avec 6 autres criminels nazis dans cette immense prison, qui ont tous été libérés sauf lui. Petit à petit, il finira seul dans la prison de Spandau et en sera le seul détenu vers 1966. Quant à Charles Gabel, son aumônier, il se liera d’amitié avec Rudolf Hess et sera son dernier pasteur… Il fut son confident et son unique visiteur. On le surnommera « Le fantôme de Spandau » par rapport à son apparence blanchâtre ressemblant à un spectre, ses yeux enfoncés dans les orbites, et de par sa solitude sans aucun lien avec l’extérieur.
Le documentaire raconte les débuts de Rudolf Hess dans le domaine politique avec Adolf Hitler ( qui sera le parrain de son fils unique, Wolf Rudiger Hess), entre le temps du procès de Nuremberg, puis de son arrivée à la prison de Spandau et jusqu’à la fin de sa vie. Cet homme a passé 36 ans dans cette prison. Durant toutes ces décennies, ses demandes de grâce seront rejetées et les chances qu’il puisse sortir, infimes. Les alliés (France, Angleterre, USA et l’URSS) voulaient maintenir sa présence pour montrer l’ultime relique du quadripartisme** à Berlin et être le symbole de la revanche prise sur le nazisme. Charles Gobel donne une vision de l’histoire de façon bienveillante, avec une grande objectivité et tact. Sa manière de parler nous donne l’envie d’écouter et d’intégrer sa version de l’histoire. Il y a beaucoup d’anecdotes, de sujets abordés très intéressants. Il en parle avec sagesse, porte un grand intérêt pour cela et respecte Rudolf Hess. L’absence de jugements, de haine donne une conception riche et très différente d’une personne, d’un ancien criminel nazi. On y retrouve aussi un grand discernement et une nuance majeure. Ce n’est pas tout blanc ou tout noir, bien ou mal. Il explique que R.Hess voulait se faire pardonner mais par qui, par ses victimes, les allemands ? Et au nom de quoi ? Sa mort reste encore inexplicable, certains disent que c’était un meurtre, d’autres que c’était un suicide , les circonstances sont encore très troubles. Ce long-métrage est captivant et cette époque est connue pour être dure, elle est racontée avec douceur. C’est une très belle découverte cinématographique.
Si vous êtes fan d’histoire, je vous conseille ce documentaire. En vous souhaitant un bon festival 🙂
https://www.lemonde.fr/archives/article/1974/04/26/le-fantome-de-spandau_2525055_1819218.html
*putsch de la Brasserie: tentative de coup d’État par Hess et Hitler
** quadripartisme: système politique comprenant 4 partis politiques
Écrit par Clélia