L’animation de l’atelier critique de films pour les lycéens

 

Cet atelier s’inscrit dans le cadre du partenariat entre le Festival du film d’éducation et le Prix Jean Renoir des lycéens.

Il s’adresse à une quinzaine de lycéens et lycéennes, des élèves de seconde du Lycée de St Lo et leur professeur Frédéric Hanou (Basse Normandie) et les élèves de terminale du lycées des Lilas encadré par leur professeur Jennifer Caux (Ile de France).

L’atelier est animé par Jean-Pierre Carrier et Agnès Hallet.

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L’atelier est animé en trois temps progressifs

Voir des films…

C’est le premier objectif : voir des films dans le cadre d’un festival, en l’occurrence le Festival de Film d’Education d’Evreux.

En dehors de la compétition, le festival propose des avant-premières en soirée, une carte blanche et diffuse le prix Jean Renoir des lycéens de l’année.

Les films visionnés dans le cadre du parcours font d’abord partie de la sélection. Une rencontre avec des membres du comité de sélection peut alors être possible.

Les films qui sont diffusés dans le cadre d’un festival ne sont généralement pas sortis en salle. Pour les documentaires, et même les courts métrages, ces films ne sont pas toujours diffusés dans le circuit commercial. Il y a là une occasion de voir des films que les jeunes n’ont pas l’habitude de voir, donc d’élargir et de diversifier la pratique cinématographique courante.

Il s’agit aussi de voir des films en groupe, la totalité des activités du parcours se déclinant collectivement.

Voir des films collectivement c’est avoir une pratique inhabituelle dans le cadre de la fréquentation du cinéma. La vie du groupe sera donc importante tout au long du parcours. Si voir un film c’est bien sûr une activité d’abord personnelle, tout le vécu de l’atelier, avant et après la séance de projection, fera appel aux interactions sociales entre pairs, mais aussi avec des adultes, animateurs de l’atelier, programmateurs et organisateurs du festival, cinéaste présents.

Ce premier objectif rappelle que le cinéma c’est d’abord du spectacle. Un spectacle qui peut procurer du plaisir. Il ne s’agit pas de nier ce plaisir et les émotions que peut susciter un film. Bien au contraire, la pratique critique doit s’ancrer dans ce plaisir et ces émotions. En aucun cas, il ne s’agit de promouvoir une attitude purement intellectuelle

Prendre du recul…

Il s’agit d’aller au-delà du premier ressenti sans pour autant renoncer aux émotions vécues.

Le groupe et les échanges collectifs seront les outils permettant cette prise de recul. Il s’agira de pouvoir exprimer son ressenti et ses émotions face au groupe. Dans l’écoute réciproque, chacun pourra mieux saisir la signification et la portée de sa propre expression. S’efforcer de comprendre les autres, c’est mieux se comprendre soi-même.

L’expression du ressenti doit bien sûr s’effectuer dans la plus grande liberté, chacun mettant entre parenthèse toute tentation de jugement des autres, négatif ou positif. Exprimer un point de vue différent des autres n’est pas une opposition aux autres. C’est accepter les différences, la diversité. Le vécu de chacun peut et doit alors enrichir la pensée de tous.

Ce décentrement de soi par l’interaction avec le groupe est le principe fondamental de la formation du jugement. Juger une création cinématographique (comme toute création artistique) ce n’est pas sanctionner d’un « c’est super » ou « c’est nul » catégorique. C’est définir les éléments qui ont suscités du plaisir ou du déplaisir, de l’approbation ou de la réprobation. Le droit de juger n’est légitime que lorsqu’il est l’expression d’un ressenti conscient dans lequel le sujet s’implique avec toute sa personnalité.

Analyser…

Le travail d’atelier doit mettre à la disposition des jeunes critiques des outils d’analyse sans lesquels leur travail resterait purement idiosyncrasique, n’aurait de signification que pour eux-mêmes..

Les principaux outils d’analyse d’un film proposés sont; l’histoire du cinéma et de la critique de cinéma – L’écriture filmique – Les théorie du cinéma et les perspectives théoriques pouvant éclairer le cinéma.

Il est évident que toute analyse doit s’appuyer sur une connaissance des contenus de référence (par exemple un film réalisé dans le cadre d’une pratique musicale déterminée ne peut ignorer totalement cette pratique et sa signification).

Ecrire…

La critique de cinéma est une écriture spécifique, qui peut s’apprendre par une pratique guidée.

C’est une écriture documentée, par le visionnage du film et son analyse

C’est une écriture argumentée. Tout jugement ne peut tirer sa valeur que des éléments concrets constitutifs du processus filmique sur lesquels il s’appuie.

C’est une écriture construire. Elle comporte des passages obligés ‘une accroche, une conclusion…) Elle doit proposer un plan, une progression, identifiables

C’est une écriture conative (centrée sur ses destinataires). Pour qui écrit-on ? Le lecteur est-il censé avoir déjà vu le film ou ne pas l’avoir vu ? S’agit-il de donner envie de voir le film, de déconseiller d’aller le voir, ou simplement d’informer sur sa nature et son contenu ?

C’est une écriture maîtrisée stylistiquement. Au plaisir que peut susciter un film doit correspondre le plaisir de la lecture de sa critique.

Rencontre avec deux réalisatrices

Notons dans cette démarche une rencontre avec deux réalisatrices, Marion Crépel réalisatrice d' »Ecrire le mouvement » et d’Anne Closet réalisatrice de « Get your Funk »; un retour préparé avant leur venue, et présenté sous forme de lecture à voix haute de petites accroches, pour devancer un échange à partir de quelques premières questions.