Les chaussures de Louis – Une vision poétique d’un trouble tabou

De nos jours, l’autisme est tout autant un trouble qu’un sujet de société. Trop souvent méconnu voire complètement laissé de côté dans certains domaines car jugé trop complexe, trop personnel et considéré comme tabou. Ce désintérêt entraîne fatalement un manque d’informations et, conséquemment, des comportements inappropriés pouvant affecter les personnes concernées.

Une plaie douloureuse de chaque jour, dont le soin passe aussi par la curiosité des uns et des autres et ici, attisée par les chaussures de Louis, un court-métrage d’animation de cinq minutes en trois dimensions entièrement réalisé et produit par des étudiants de la motion pictures of Arles, une école supérieure d’animation française. Leurs noms ? Marion Philippe, Kayu Leung, Théo Jamin, Jean-Géraud Blanc, retenez les car ils pourraient bien vous surprendre. 

Le film à peine lancé, l’ambiance douce et rassurante est posée dans un cadre aux couleurs pastels et aux traits lissés. On s’apprête doucement à plonger dans le monde de Louis, un enfant autiste de huit-ans et demi qui fait son entrée dans une nouvelle école. Il ne connaît rien ni personne de ce nouveau monde mais il est loin d’être à son coup d’essai et comme il le précise, il espère bien que cette fois-ci ce sera la bonne. Et il a un atout, son repère pour se remettre sur pieds quand l’environnement lui complique la tâche, ses chaussures bleues. Il les quitte à chaque fois qu’il commence quelque chose mais il les garde toujours bien à l’œil.

Notre protagoniste est accompagné par la voix de Ronan Guilloux et participe à cadrer ce format qui nous permet de comprendre, en  l’écoutant lui-même en parler,  son trouble et son quotidien avec lui. Louis nous explique qu’il s’exprime de manière naturelle selon lui mais, pour les autres, trop comme un adulte pour les enfants mais trop comme un enfant pour les adultes, le voilà mis de côté entre deux générations et encore seul. Seul ? Louis l’est souvent, réfugié dans sa maison, dans son coin à lui, son monde. Il organise soigneusement ses affaires, tout doit être carré et personne ne doit le chambouler. Tout devient plus clair et ordonné lorsque l’on pénètre dans le « Palais Mental de Louis », un univers en lui où tout se décompose et s’organise. 

Ce film est intime et touchant sans perdre de vue un aspect pédagogique de découverte de ce qu’est vraiment le quotidien d’une personne sur le spectre autistique. Finalement, le seul point critiquable est qu’on aurait aimé qu’il dure plus longtemps !

Isaac Brier, Killian Gibert.

Etudiant.e.s en carrières sociales à Tours.