A travers une table ronde composée de Marie-Aleth Grard (d’ATD Quart Monde), Sandrine Guichet (Educatrice de jeunes enfants) et Anne-Marie Dardres (Médecin pédiatre), a été discutée la thématique suivante : Education, jeunes enfants et précarité.
Précarité et grande précarité en France :
Parmi les 8,8 millions de personnes en situation de précarité en France, on compte 3 millions d’enfants dont 1,2 millions en situation de grande précarité. Pour illustrer ces chiffres, Anne-Marie Dardres se penche plus particulièrement sur la situation des Roms.
16.000 roms migrants en France, répartis dans 571 bidonvilles.
5000 sont en Ile-de-France et 1/3 d’entres eux sont des enfants.
Enfin 10% seulement des enfants en bidonvilles sont scolarisés et on compte entre 7000 et 9000 enfants qui arriveront à l’âge de 16 ans sans scolarisation.
Des conditions de vie très difficiles, aucun accès à l’eau, à l’électricité, à des sanitaires, Médecin du Monde recense également que 68,9% des soins sont retardés et que seulement 10% des grossesses sont suivies. Les discriminations et les expulsions sont le quotidien de ces personnes, rendant l’intégration potentielle de ces familles et enfants encore plus complexe.
L’éducation des enfants : Accueil et bienveillance
Accueil et regard bienveillant sont le mot d’ordre pour tenter de rompre le cercle vicieux de la précarité et grande précarité. Le droit à l’éducation, un droit inscrit dans la Convention internationale des Droits de l’Enfant prône un droit à une éducation, une instruction et à des loisirs pour tous les enfants. L’école étant un lieu d’éducation, de sociabilisation et de contact, dans un monde où les enfants seraient tous scolarisés, l’école se transformerait en un lieu unique réunissant tous les enfants de France.
Le discours de Sandrine Guichet apporte la précision que l’éducation ne correspond par uniquement aux apports de l’école et de l’instruction, en effet, cela regroupe les temps de partage entre parents et enfants, et les apprentissages notamment fournis par les familles, les proches, et les professionnels travaillant avec les enfants. C’est dans le cadre de cette réflexion que Marie-Aleth Grard nous dévoile que les enfants de 3 ans en situation de grande précarité arrivant à l’école ont un déficit de 1000 heures « d’histoires du soir ».
Le verre à moitié plein ?
Face à ces constats difficiles, la réussite de tous les enfants est possible avec le concours du travail des enseignants, des professionnels de l’enfance, des travailleurs sociaux, des institutions et associations qui sont mobilisés au quotidien. Le travail en équipe, l’accueil des parents à égalité, l’utilisation de pédagogies adaptées et une gouvernance bienveillante et exigente sont, selon Marie-Aleth Grard les quatre piliers de la réussite des enfants.
Clara Daver