Blind Sex, plongeon dans la nudité, mais à l’aveugle par Clotilde Jullian

Blind Sex

Plongeon dans la nudité, mais à l’aveugle.

À quoi bon se dévoiler en terrain naturiste, si l’on ne peut pas profiter de la vue ? Finement interprétée par Camille Gaudeau, Louise, jeune malvoyante, est le personnage principal de Blind Sex, un court métrage de fiction de la réalisatrice Sarah Satamaria Mertens. Elle se retrouve par un concours de circonstances, dans un camping nudiste, sans sa mère, sans sa sœur, sans son chien et sa canne cassée. Privée de ces repères et guides habituels, elle découvre et s’approprie cette liberté nouvelle.

De jeunes vacanciers l’accueillent telle qu’elle est, mais sa différence leur importe moins que ce qui les rapproche : leur jeunesse, leur volonté de profiter des vacances, de la vie et de leur sexualité.

La nudité est filmée sans chichi, sans volonté d’esthétisme, sans fausse pudeur et sans gêne (du coup on en perd peu à peu la nôtre). Juste des corps nus. Et jeunes, qui s’apprivoisent, se rapprochent et entrent en contact avec une grande simplicité.

La même simplicité caractérise d’ailleurs la bande-son et les décors, eux aussi très « nature ». Quelques noirs ponctuent la fiction : des plans subjectifs, mais qui servent moins à nous mettre à la place de Louise que de nous donner un peu de sa liberté.

On assiste à l’envol d’une jeune femme. Et ça fait du bien. Naturellement.

Clotilde Jullian.