L’encre contre la glace
Rejetée, vendue, méprisée : bâtarde. Grâce à son pinceau d’aquarelliste, le suédois Knutte WESTER, pose un autre regard que celui des bourgeois de Stockholm de 1909, sur Hervor, sa grand-mère, cette « Bastard Child », livrée au regard de charognards d’une bonne société intolérante d’une autre époque – images d’archives d’une réalité cruelle- comme un cerf qui se débat, livré à une meute de chiens.
Traits sombres et incisifs, larmes de ténèbres, coulées glaciales, flous granuleux, contours souples et tendres, tremblement d’un éclat lumineux, pour avancer au rythme pesant des sabots cheminant sur la glace, dans la vie, de cette gamine au pied tors, au cœur lourd, plan par plan, dessin après dessin, au son grêle d’un ocarina tiré de la chaleur de la terre.
Le cinéaste se libère du poids du passé, du récit brut de cette douleur qu’il a reçue, lui, enfant, et qu’il transfigure, devenu adulte, en peintre sensible, en conteur implacable dans un hommage poignant qui nous touche en plein cœur.
Philippe GAMBINI Lycée Raymond Queneau Yvetot