Ruby, 15 ans, débute sa journée dans la douceur familiale et la finira bouleversée, chassée d’un magasin. Elle émeut avec son histoire poignante : dans la salle, les spectateurs pleurent, réagissent, comprennent qu’à seulement 15 ans, des jeunes filles traversent les situations les plus horrifiantes. « Ruby, tu saignes », se moquent ses camarades. Emma Branderhorst, réalisatrice néerlandaise, transporte le public dans le quotidien de cette adolescente, personnage de Spotless et porte-parole de millions de femmes. A travers la précarité, l’angoisse, la peur, la pudeur mensuelle de Ruby, Spotless (sans tache) est un court-métrage à la rencontre entre fiction et documentaire.
Le manque d’argent est un assassin. Dans une famille précaire, le courage est le meilleur allié de Ruby. Un paquet de tampon vide oblige la jeune femme à laver une protection usagée, lui demande tant d’effort pour ne pas faire la moindre tache sur son pantalon. Un porte-monnaie vide laisse couler ce sang sans protéger ce qui deviendra une honte. Ruby se retrouve alors dans une impasse, l’obligeant à commettre une bêtise qui peut-être n’est qu’un appel à l’aide.
Spotless est un contraste fort entre l’amour maternel et le monde difficile que subissent les adolescents sans en faire part à leurs parents. Ruby vit avec sa mère et sa petite soeur : un monde féminin et bienveillant auquel pourtant la jeune femme ne peut pas se confier entièrement. Elle essaie, pourtant, en vain, de faire comprendre à sa mère son besoin de protection menstruelle mais face au coût de celle-ci, Ruby renonce. Dans le monde, ce sont des populations entières qui sont confrontées à son problème. Mais qui blâmer ? L’indifférence d’une mère ? Le silence d’une enfant ? Ou bien une société bien trop individualiste et focalisée sur l’économie… Dans ce court-métrage, pas de musique, pas de bande-son, seulement le désarroi et les larmes qui rythment la vie de l’adolescente.
Félicia.