« Revoir Paris » et la pluralité des thèmes

A l’occasion du 19ème Festival International du Film d’Éducation et pour la première fois,  j’ai pu assister aujourd’hui à la projection de « Revoir Paris ». Il s’agit d’un long métrage réalisé en 2022 par Alice Winocour, réalisatrice et scénariste française.

Virginie Efira dans le rôle de Mia est une victime et survivante d’un attentat au restaurant de l’Etoile d’Or.  Amnésique suite à ce traumatisme et en quête de compréhension, elle retrace les évènements en retournant directement sur les lieux de son traumatisme après un exil de 3 mois chez sa mère. Elle retrouve Paris en le contemplant sous un regard nouveau, à l’image du titre « Revoir Paris ». Durant son investigation, elle rencontre des personnes ayant vécu les conséquences directes et indirectes de l’attentat de l’Etoile d’Or qui s’entraident afin de se reconstruire mutuellement. La réalisatrice traite de sujets variés et d’actualités, avec l’appui d’un casting aussi touchant que talentueux.

Les représentations des comportements post traumatiques

Alice Winocour réalise son long métrage en partant du témoignage de son frère ayant vécu l’attentat du Bataclan en 2015, elle présente différents aspects des comportements que l’on peut adopter suite à un choc émotionnel. On retrouve par exemple dans le personnage de Mia une forme d’amnésie survenue immédiatement après le drame. On la voit aussi régulièrement en état de stress profond. Durant une visio-conférence avec la réalisatrice suite à la projection du film, celle ci nous confirme que la façon dont Mia se remémore progressivement  3 versions différentes des évènements est également une réponse à ce traumatisme. On voit aussi le comportement d’une femme accusant Mia de s’être enfermée dans les toilettes du restaurant sans laisser entrer qui que ce soit pendant l’attentat. Alice Winocour nous affirme ici aussi également que cette haine que la femme éprouve est une des nombreuses façons de réagir à son traumatisme. Par ailleurs, on découvre dans les dernières minutes du film qu’elle était en fait la seule coupable de ce qu’elle accusait Mia d’avoir fait et c’est selon moi une énième manière de représenter son comportement post-traumatique.

L’amour comme objet de guérison

A plusieurs reprises dans le film, la réalisatrice met en scène des relations amoureuses. Suite au drame du restaurant de l’Etoile d’Or, certains personnages voient leur relations totalement chamboulées, comme si un monde les séparait et qu’ils ne se comprenaient plus. Ils ne partagent pas ce traumatisme qui creuse un si gros fossé entre eux. Selon moi, c’est également pour cette raison que les individus présents lors de l’attentat tendent à se rapprocher rapidement, ils partagent une nouvelle vision d’un lieu commun et une appréhension du monde toute nouvelle aussi. A la fin du film, j’ai été particulièrement marquée par une scène d’amour entre Thomas, l’une des victimes de l’attentat et Mia. Les deux personnages se rapprochent physiquement, indépendamment de leur conjoints actuels dont ils s’éloignent. Lors de la scène, Thomas découvre la cicatrice de Mia, il pose sa main dessus et tout deux commencent rapidement à toucher mutuellement leurs blessures comme si ils avaient chacun en eux le moyen de « guérir » l’autre de ses plaies physiques et psychologiques.

Un long métrage qui divise

Selon moi, « Revoir Paris » est un film puissant et bondé d’émotions qui nous éduque sur les réponses aux évènements traumatiques tout en nous plongeant dans une histoire qui explore diverses idées. De façon globale, c’est une mise en scène à propos de la reconstruction psychologique et physique sous toutes ses formes.

Ce long métrage à suscité de nombreuses réactions très diverses passant du pire au meilleur. En somme, ce film est aussi divergent que ses avis !

A propos de Equipe Web journaliste