Heartstone, l’Islande et ses sociétés par Philippe Brianchon

Hearstone est un film Islandais sortant le 27 décembre 2017 et réalisé par Gudmundur Arnar Gudmonson. Le film a déjà réussi à remporter 44 prix avant même sa sortie officielle en salle, ce qui témoigne avant même de le voir d’une certaine qualité.

Le film raconte l’histoire de Thor, jeune garçon vivant dans un petit village de pêcheurs en Islande.

Au fur et à mesure du film, il découvre ses sentiments amoureux, à l’instar de Christian, son ami d’enfance qui est secrètement tombé amoureux de lui. Ce dernier se doit de cacher son homosexualité à un village montrant peu d’ouverture d’esprit de tolérance, à l’image de son père, et l’enjeu du film sera donc pour lui de s’assumer.

Le début du film est en soi assez ennuyeux. Thor et Christian se contentent de se promener et de faire tout et rien. Néanmoins, cela est l’exact volonté du film, afin de nous montrer l’ennui quotidien des personnages dans ce village perdu en pleine nature. Cet ennui est dépeint par une réalisation plaçant la caméra tout près des acteurs en filmant en gros plan afin de montrer l’étouffement des personnages dans ce milieu.

La réalisation est d’ailleurs l’un des plus gros points fort du film, et est souvent très significative.

J’en tiens pour exemple la partie du film ou nos deux compères partent faire du camping avec deux amies.

Déjà, dès le début de la scène, les quatre personnages se déplacent dans des espaces naturels très ouverts filmés en plan large afin de montrer la liberté des personnages qui sortent enfin de leur lieu de vie étouffant (le film n’a d’ailleurs été fait qu’avec des décors naturels, rien n’a été filmé en studio).

Dans une scène ultérieure de cette partie, on a aussi un champ-contrechamps dans une tente ou Thor est éclairé et filmé d’assez loin alors que Christian reste dans l’ombre et est filmé avec un grand angle ( un grand angle utilisé près d’un personnage est souvent une méthode filmique utilisée pour montrer le malaise du dit personnage), ce qui dépeint l’oppression qu’il subit dans ce petit espace.

L’écriture du film est très bonne aussi, bien que toutes les intrigues ne soient pas conclues a la fin du film, ce qui d’un point de vue personnel me dérange. Les évolutions psychologiques des personnages sont très bien faites, et j’en tiens pour preuve un Christian qui se débat avec acharnement par rapport a ses sentiments. La grande majorité des personnages sont très attachants, et même ceux qui ne le sont pas finissent par le devenir quand on comprend leurs raisons comme par exemple avec Rakel, la sœur de Thor qui est assez insupportable pour lui et le spectateur mais qui finit par l’être de moins en moins.

Personnellement, le personnage que j’ai le plus apprécié Hafdis, la deuxième sœur de Thor qui elle est très compatissante envers de nombreux personnages du film et qui a une âme d’artiste (assez peu positive mais une âme d’artiste tout de même). Ce personnage, pour l’anecdote est inspirée de la grande sœur du réalisateur, ce qui peut expliquer pourquoi je la trouve plus attachante que les autres puisque tirée d’une personne réelle.

Le seul personnage pour lequel aucune empathie ne se crée est celui du « Rouquin », tel qu’il est appelé dans le film, mais c’est expliqué par le fait qu’il soit le gimmick du « Bullies » (grosse brute).

J’ai franchement aimé le film, bien qu’il soit loin de faire partie de mes préférés. Néanmoins, objectivement, il est excellent et je ne peux que le recommander pour des spectateurs amateurs de tous les points cités précédemment.

Philippe Brianchon
Lycée Robert Schuman