1909, en Suède, une petite fille naît. Elle s’appelle Hervor, ce qui veut dire « lutte » en suédois.
Hervor devra lutter, c’est sûr, elle est une bâtarde et sa maman est une putain. Et oui, quand on est une mère célibataire en 1909 en Suède, on devient une putain.
Le père d’Hervor a eu la mauvaise idée de partir travailler au Danemark et Ada, rejetée par sa famille, n’a pas de quoi faire vivre sa fille.
Parce qu’Ada espère une meilleure vie que la sienne pour la petite Hervor, cette dernière est ballotée de familles en foyers. Le réalisateur Knutte Wester qui n’est autre que son petit-fils fait revivre, par bribes, les souvenirs de sa grand-mère.
Le propos peut sembler déprimant et le spectateur pourra avoir l’envie de se laisser couler, lui-aussi, sous la glace mais il aurait tort. L’invitation de Knutte à nous faire partager son histoire familiale ne se refuse pas.
Bien sûr, il faut s’approprier ce film exigeant mais, l’effort fait, on sera séduit par l’habile assemblage d’images d’archives du Stockholm du début du siècle, de films familiaux dans lesquels on voit Knutte enfant mais surtout de plans animés sur ses superbes dessins à l’aquarelle. Knutte aimait beaucoup sa grand-mère et c’est perceptible dans son documentaire sensible et émouvant.
« Regardez autour de vous. Cela arrive toujours. Des gens continuent d’être rejetés. Des enfants sont toujours arrachés à leurs racines » dit la voix prêtée à la grand-mère. C’est pour cela qu’elle a, pendant 30 ans, inlassablement défendu les droits des femmes. Knutte, lui, comme un hommage à Hervor, fait des ateliers avec des enfants orphelins ou malmenés par la vie. L’idée est aussi touchante que le petit air d’ocarina que ces enfants jouent.
Sabine Ferrière
Lycée Mézeray