Critique de Le COD et le coquelicot

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D’abord une plaine, puis une ville, puis autour, de grands murs enfermant une population mixte. Au centre de ces bâtiments, une petite école, dans laquelle travaillent cinq professeurs. Devant ces professeurs, des élèves délinquants. Destiné à ces élèves, un programme scolaire. Le COD et le coquelicot, de Cécile Rousset et Jeanne Paturle, est un travail de longue haleine dans une école de quartier où les enfants et leurs parents sont seuls avec leurs problèmes.

Qu’est-ce qu’un COD ? Comment des élèves le définissent ? C’est une question intéressante, mais pourquoi se la pose-t-on ? Cette question fait partie du programme scolaire. Elle doit être posée. Il faut y répondre. Paraît-il. Pour des élèves enfermés dans une ville cachée par les murs de béton, n’y a-t-il pas une autre question plus importante encore ? Qu’est-ce qu’un coquelicot ? Au-delà de leur prison, se trouvent des choses dont ils ne soupçonnent ni le nom ni l’existence. Ces bâtiments qui leur cache la vue pourraient être aperçus autrement ; lorsqu’on connaît leur histoire, et que l’on imagine ce qu’il y a derrière, des valeurs humaines peuvent renaître.

A l’inverse du film Examen d’État, de Dieudo Hamadi, dans lequel les élèves sont en grand manque d’éducation scolaire, ceux auxquels nous sommes confrontés dans ce documentaire sont en manque d’éducation de vie. Voilà la réflexion dans laquelle cinq enseignants nous emmènent. Leur place nouvelle dans ce décor leur offre un regard neuf sur ces élèves. Leur courage et leur persévérance leur permettra de faire preuve d’une solidarité grandissante entre eux. Chaque témoignage, du point de vue du professeur, nous renvoie à nos inquiétudes et à notre souci de transmission. Que choisissons-nous de transmettre et pourquoi ? Choisissons-nous de transmettre ? Acceptons-nous de partager et de recevoir de ces élèves qui « en savent moins que nous » ?
Après leur passage en école d’art, Cécile Rousset et Jeanne Paturle nous plongent dans un monde scolaire difficile, avec une légèreté artistique qui nous met face à cette réalité sans provoquer les larmes. Ces dessins aux traits grossis instaurent une ambiance presque humoristique qui allège parfois la dureté des situations de chacun. Le seul regret que nous puissions avoir à la fin de ce documentaire est qu’il ne soit pas plus long !

Derrière ces lignes artistiques, et non punitives, le cinéma revalorise les capacités des enseignants à accompagner les élèves en difficultés familiales et scolaires.

Lullaby Bonnerot

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