Des enfants invisibles
Jackpot, Deda, Djason, Dibi, Dyou, Reda, Salim, Bryan et Poko. Ils sont 9 mineurs délinquants à se confier dans ce documentaire original et émouvant, Le cri est toujours le début d’un chant, de Clémence Ancelin.
Librement, ils parlent de leurs peurs, leurs peines, leurs espoirs et leurs regrets.
Le film débute sur la création de masques par les jeunes dans le but de protéger leur identité durant les images. Les masques semblent à première vue créer une barrière entre l’enfant et son récit, mettant une distance entre ces 9 jeunes et le reste du monde.
« Le masque nous rend invisible »
Se sentant rapidement mystérieux et intriguants, ils se disent particulièrement invisibles. Invisibles d’une part aux yeux de la société pour les avoir mis en marge et d’autre part à nos yeux, nous spectateurs de leurs témoignages. C’est finalement ainsi qu’ils ressentent le besoin de se dévoiler et de s’humaniser aux regards des autres.
« Je suis un être humain »
« J’ai des yeux, j’ai une bouche, j’ai un sourire […] et même un double menton »
Des enfants libres
Bien que les jeunes soient enfermés en CEF (Centre éducatif fermé), ce film est prôneur de liberté; Tout particulièrement de liberté d’expression, de part les ateliers créatifs mis en place, le chant etc. L’enfant, de 0 à 18 ans a le droit de s’exprimer librement de manière écrite, orale, artistique ou imprimée. Il s’agit d’un principe fondamental énoncé par la Convention internationale des Droits de l’Enfant en son article 13, un texte majeur signé et ratifié par la quasi-totalité des Etats du monde, dont la France en 1990.
Engagé et bienveillant, ce film rend ainsi une forme de liberté à des enfants qui semblaient en avoir oublié la saveur.
Des enfants résignés ?
« Je rêve de m’en sortir ». Bien que conscient de leurs erreurs et de leurs faiblesses, ces jeunes sont plus que désireux de changer de vie. Protégés de leur passé et du regard des autres par un masque, ils parlent de leur personnage en évoquant le manque de protection et de soutien qu’ils ont subi. Chacun a espoir de faire mieux et d’être aidé par leurs familles et leurs proches, et par dessus tout, certains espèrent voir la justice changer.
« Ouvrez bien grands les yeux. Ayez toujours des doutes. Tous les Karim, Reda ne sont pas toujours coupables ».
Clara Daver
C’est un très bel article, il reflète toute l’émotion ressentie lors de la séance par celle qui tient cette plume. Merci Clara pour nous avoir fait partager ce film et la vie quelques instants de ces enfants en souffrance.