Reinas tente de raconter une histoire intimiste et profonde, mais le résultat manque cruellement de justesse. Le jeu d’acteurs, d’abord, peine à convaincre : les interprétations semblent figées, parfois surjouées, parfois étonnamment plates.
On le voit dès les premières minutes, dans la scène du repas familial où chacun parle sans réelle énergie : les répliques tombent à plat, les expressions faciales ne correspondent jamais à l’intensité du dialogue, et on a l’impression que les acteurs récitent au lieu d’incarner. Le malaise est encore plus visible dans la scène où elle annonce a sa petite soeur qu’elle est
enceinte : un moment qui devrait être un choc intime, mais qui se réduit à un regard perdu et une respiration forcée, sans nuance ni profondeur, donnant l’impression qu’elle lit une didascalie plutôt qu’elle ne vit une révélation.
L’écriture du scénario n’aide en rien ces performances déjà fragiles. L’histoire avance de manière irrégulière, avec des transitions abruptes et des développements qui manquent de logique. La scène d’une dispute dans la cuisine, introduite sans préparation, éclate soudainement puis se termine sans conséquence sur la suite, comme un morceau de scénario oublié. La sous-intrigue autour de la grossesse illustre d’ailleurs parfaitement ces failles : elle apparaît presque du jour au lendemain, sans signe annonciateur, puis disparaît aussi vite, comme dans la séquence où elle annonce la nouvelle d’une manière étrangement détachée avant que le film change brutalement de sujet.
Les dialogues, souvent lourds, n’arrangent rien : la scène devant le miroir, où elle se parle à elle-même pour “exprimer” ses doutes, sonne tellement artificielle qu’elle casse complètement le réalisme. Quant aux arcs narratifs, plusieurs se terminent de façon expéditive, comme celui du personnage secondaire qui quitte l’histoire sans explication après une scène inutilement dramatique au marché.
En somme, Reinas échoue à donner de la substance à ses idées, laissant un film qui manque de conviction tant dans son interprétation que dans son écriture.
Oumani Salhma, Lycée Aristide Briand
