Graines de vie est un documentaire daté de 2023 qui retrace la vie d’un paysan-boulanger ardéchois et les détails de sa profession, réalisé par Pablo Ruiz et produit par MontMandionFilms. Le film suit donc le quotidien de Damien, paysan-boulanger et de sa femme Céline, dans le village ardéchois de St-Cyr.
Le court-métrage s’ouvre sur un homme. Celui-ci est un paysan-boulanger ardéchois, et de fait nous explique son métier. Ce dernier sera l’objet de ce documentaire.
Outre un sujet des plus intéressants, ce documentaire présente plusieurs aspects qui, à bien des égards peuvent le classer dans la catégorie des documentaires de qualité :
Premièrement, l’absence totale de narration extérieure à l’action présentée dans le film rend le tout plus authentique : pas de voix parasite, lente et grave qui vient expliquer au quidam tous les faits et gestes du protagoniste sans que celui-ci est, ou alors très peu son mot à dire sur le sujet. Pas de lancinante mélodie vocale qui brise le rythme du film pour intégrer des éléments extérieurs, l’idée en elle-même est excellente, puisqu’ainsi le principal intéressé, c’est à dire en l’occurrence le paysan-boulanger peut raconter par lui-même ce qui l’intéresse et ainsi nous donner le point de vue d’un expert, puisqu’après toute c’est lui qui exerce sa profession.
Secondement, le film prend une direction intéressante en prenant le parti de suivre la vie d’un agriculteur au fil des saisons. Cela permet de cerner l’entièreté des aspects techniques et pratiques de sa profession, et donc d’en tirer les meilleurs enseignements : On peut ainsi constater la préparation du champ en Automne, les semis de Printemps, les moissons d’été… Le film à donc cet aspect très pédagogique, éducatif : de plus, il montre tous les différents aspects de la vie agricole et commerçante, et notamment les différentes taches : plantation, récolte, préparation du pain, vente, les marchés… En outre, il ne se centre pas uniquement sur la personne de Damien, le propriétaire de l’exploitation, et fait participer les autres acteurs du succès de la petite exploitation : sa femme, mais aussi son employé et son stagiaire.
Troisièmement, il est très pertinent de centrer l’action sur une petite exploitation, et non sur un imposant propriétaire terrien : on montre ainsi l’importance des exploitants de la terre dans le pays, quels qu’ils soient, quelle que soit la taille de leur exploitation. On voit donc tous les aspects de ces vies, qui sont par bien des égards dures, puisqu’un exploitant agricole n’a pas le temps ni les moyens d’être très présent, de faire la grasse-matinée : il doit travailler pour faire prospérer son fond de commerce dès le matin, s’employer à prendre toutes les mesures nécessaires immédiatement, bref en un mot c’est un travail épuisant et extrêmement physique. D’un autre coté, le film montre aussi que l’exploitant, qui travaille chez lui peut jouir d’une présence auprès de sa famille, de ses enfants, et ainsi s’occuper d’eux sans être un véritable parent absent. Leur vie semble également agréable, dans ce petit village d’Ardèche, et semble par bien des égards enviables : Soleil, chaleur, nature…
Néanmoins, le film est loin d’être parfait et présente certains aspects négatifs non négligeables :
Dans un premier temps, l’absence de narration fait que le tout manque de structure : certes elle permet une forte et belle authenticité du propos, mais une narration, lorsqu’elle n’est pas abusive permet de servir de ciment à un documentaire et de le faire avancer dans le sens voulu.
Dans un second temps, il manque certains éléments : le documentaire est par maints aspects trop abstrait ou insuffisamment précis. Il est notamment un moment ou l’on traite de changement climatique, de relance écologique : le propos est très importants, et il est très bien de mentionner ceci dans un tel documentaire, mais il aurait été judicieux de parler plus en détail du sujet, de creuser le propos qui n’est pas très développé et semble un peu platonique. De surcroît, l’agriculteur qui est mentionné ici pratique l’agriculture biologique, c’est donc d’autant plus important que de traiter ce sujet.
Enfin, le film est un peu long : Certains éléments inutiles viennent briser le rythme du récit, notamment des scènes de coucher de soleil ou des plans abstraits sur fond de champ vert, qui durent parfois plusieurs secondes, et ne sont que peu ou pas du tout pertinent à intercaler au sein du film. Aussi, quitte à s’employer à faire un film long, autant le rendre intéressant en intégrant les éléments concernant l’écologie mentionnés plus en amont, et peut-être même en renforçant les aspects économiques et financiers qui ne sont que très peu traiter au long du documentaire.
Nous sommes donc en face d’un film de qualité, à haut potentiel, qui traite d’un sujet important et qui est plaisant à regarder, même si il se perd parfois dans un rythme peu soutenu et en viens à avoir certaines longueurs soporifiques.
Maxence Girod-Fagard, Lycée François Ier, Le Havre.
Pour avoir un autre regard sur le film, vous pouvez aller lire l’article de François Lesage.
Affiche du film « Graines de Vies »