Amira, Mohamed Diab
Amira est un film réalisé par l’égyptien Mohamed Diab qui se déroule en Palestine. Il aborde un sujet dont nous entendons rarement parler: le trafic d’inséminations artificielles dans les prisons. Une jeune femme de 17 ans, Amira, ne connait son père qu’au travers du parloir de la prison dans laquelle il est détenu. Elle est passionnée de photo, et possède une personnalité vive et déterminée. Sa vie est bouleversée lorsqu’elle découvre que son « père » est en fait stérile et qu’elle n’est donc pas sa fille. Se posent alors les questions suivantes: Qui est-elle? Qu’est-ce qui la définit dans la société? Quelle est sa véritable origine? Elle essaye par tous les moyens de découvrir qui est son géniteur, au détriment de sa relation avec sa mère qui tente de la protéger. On constate deux issues aux évènements: le déshonneur de sa mère ou le sien. Le caractère fort de la jeune femme fait qu’elle fera exploser la vérité et sera forcée de quitter son pays.
Le film présente un personnage féminin au caractère fort et inspirant. Celle-ci affronte la situation en face, guidé par ses convictions, mais aussi par ses sentiments. L’interprétation est très juste, l’actrice dégageant une certaine énergie qui colle au personnage. Le long-métrage pose des questions en rapport avec l’identité et la place occupée dans la société en fonction de ses parents. Qu’est-ce qui fait ce que nous sommes? Quel est notre rôle? La nationalité doit-elle désigner l’endroit ou nous devons être ? Il est ponctué de scènes riches en émotions que ce soit chez la mère, le père ou Amira. Il présente un amour complexe entre la mère d’Amira et son mari car il est non physique et souligne l’importance du corps et la présence dans un couple. La relation entre Amira et sa mère est elle aussi touchante, les deux étant prêtes à se sacrifier même si leurs réactions sont parfois prévisibles de par leurs caractères. Dans une société où la femme reste liée à son mari, sa condition est relative à son sang et elle se doit d’être fidèle. Ces conventions sociales paraissent absurdes dans l’œuvre, la femme ne pouvant pas céder à ses sentiments sans être jugée. Le cadre Palestinien est représenté sobrement et est très réaliste. La fin est tragique, brutale et inattendue et nous fait comprendre la réalité des choses. Cependant, même si le film pose certaines questions, celles-ci auraient put être plus approfondies en accédant plus aux réflexions intimes des personnages. Nous les observons d’un point de vue extérieur. Le rythme du long-métrage est assez constant et aurait put être mis en scène de manière plus stressante. Cela aurait permis d’impliquer davantage le spectateur qui demeure par moment dans un état légèrement passif.
Wanda Hauguel