A KIND OF MAGIC: Immersion ensorcelante dans un Hogwarts irlandais par Cathy Delon

A KIND OF MAGIC: Immersion ensorcelante dans un Hogwarts irlandais

Pas besoin de baguette magique lorsqu’on est pensionnaire à Headfort, en Irlande. La magie vient d’ailleurs, elle est immatérielle et invisible, elle s’exprime dans le bleu d’un mur qui vient d’être repeint ou dans le sourire naissant, même timide et fragile, sur le visage d’une enfant jusque là obstinément triste et impénétrable. Headfort, ou le Poudlard du monde réel, est le sujet du film A kind of magic réalisé par Neasa Ni Chianáin, après deux ans d’immersion dans la vie quotidienne des petits pensionnaires. Les uniformes gris, les scènes de dortoir, les professeurs folkloriques, les enfants attachants en pleine recherche d’eux-mêmes, tout cela rappelle irrésistiblement l’œuvre de J. K. Rowling. Ted, Eliza, Charlie, Florrie, Barbara sont les versions mouvantes et vivantes de Harry, Ron, Hermione, Luna ou Neville. Les grimoires sont remplacés par les Club des Cinq et par les romans de Morpurgo qui circulent de main en main dans la classe de littérature animée par Amanda. Le quidditch laisse la place au rugby. Quant à la magie, elle naît de l’enseignement et du regard du couple de profs détonants, John et Amanda, sorciers émérites qui n’arrivent pas à quitter leur école.

    L’énergie de la réalisation, le montage de scènes très courtes qui restituent à merveille la vie quotidienne mais aussi les temps forts – arrivée à l’internat dans les larmes, représentation théâtrale, remise des prix scolaires, adieux de nouveau dans les larmes – ne nous empêchent pas de nous attacher aux personnages. Ceux, enfants, qui grandissent sous nos yeux. Ceux, âgés, qui résistent au blues du vieillissement en buvant de façon presque vampirique l’élixir de jeunesse et et de joie qui naît du contact permanent avec l’enfance.

   Si le film rend le spectateur heureux, il lui laisse cependant un petit goût amer, comme si tout sortilège avait son revers: l’école, privée, est réservée à une élite internationale. John choisit les élèves qu’il fait rentrer dans son antre artistique et ne s’intéresse pas à tous. Quant à la réalisatrice, elle nous montre un lieu hors du temps, sans ordinateur, sans téléphone portable, sans leçons ennuyantes. C’est une construction presque fictive qui magnifie une réalité forcément moins idyllique.

 

Cathy Delon