Entretien avec François Laboulais, acteur clé du Festival

– L‘équipe du Blog : Bonjour, pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?

François Laboulais : Bonjour, je suis donc François Laboulais, je travaille à l’association nationale des CEMEA [Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active – ndlr], association organisatrice du Festival en tant que responsable du Pôle Médias Éducation critique et citoyenneté. Au festival, je fais partie de l’équipe d’organisation, je m’occupe de la relation avec le cinéma Pathé [qui héberge le Festival], avec les projectionnistes, donc de tous les aspects techniques de diffusion. Mon travail consiste aussi à être attentif et accompagner les projets de jeunes sur le Festival, dont celui du groupe de blogueurs du lycée Anguier de Eu. Soit les personnes présentes ici viennent du monde de l’éducation par adhésion aux thèmes portés par les films, soit elles s’intéressent plus particulièrement à la dimension cinématographique. Ça m’intéresse beaucoup de voir comment les jeunes s’approprient le festival : on peut être simple spectateur, échanger après les films ou pas, participer aux débats, y passer un jour, deux jours ou plus, se construire un parcours… Bref c’est très ouvert, en tout cas on essaie que ce le soit le plus possible : ce n’est ni un festival fléché, ni fermé ! Et on voit qu’il y a de plus en plus de groupes en formation : les Jeunes européens, l’équipe du Blog, celle du lycée Senghor et son option Audiovisuelle… Du point de vue des CEMEA, c’est extrêmement important qu’il n’y ait pas qu’une forme unique d’appropriation d’un événement culturel. Des formes vont correspondre aux envies, aux attentes, aux sensibilités des uns et des autres, et nous essayons de prendre en compte cette sensibilité sans jugement, de créer un lien entre une intention, une envie, un projet éducatif ou pédagogique et la manière d’accueillir ces groupes-là sur le festival. Et ça semble plutôt bien fonctionner !

Depuis combien de temps participez-vous au Festival ?

F.L. : Depuis le première édition, c’est-à-dire il y a neuf ans. La première année en tant que spectateur, puis à partir de la deuxième année comme l’un des animateurs du Festival.

Êtes-vous bénévole ?

F.L. : Non, ça fait partie de mon activité salariée.

DSCF6506Quelle est l’évolution du Festival depuis ses débuts ?

F.L. : Beaucoup de réponses possibles à cette question ! Il y a plusieurs évolutions : d’abord en termes de progression de la fréquentation, il fallait le temps de la maturité du Festival auprès des spectateurs qui reviennent, remplissent les salles. Cette progression du public s’accompagne d’une meilleure connaissance du Festival auprès des producteurs, des réalisateurs, des distributeurs qui nous connaissent de plus en plus et nous soumettent des films.

Il y a aussi des changements technologiques : on est passés des films en 35 mm au quasiment  tout numérique… Mais on peut noter aussi des constantes : tous ces films ne trouveront pas forcément un circuit de distribution et depuis ses débuts, le Festival est un lieu où l’on peut découvrir des films que l’on ne verra pas forcément ailleurs. C’est aussi le moyen de se faire connaître pour de jeunes réalisateurs, de jeunes boîtes de production.

Comment envisagez-vous le 10ème festival ?

F.L. : Il est délicat de faire une réponse personnelle quand il faudrait y apporter une réponse la plus collective possible. Cette question-là, on pourrait la poser aux organisateurs, aux festivaliers mais aussi à tous nos partenaires financiers, de collaboration… Il n’y aura pas un gros changement entre la 9e et la 10e édition, mais on essaiera peut-être de marquer plus le coup sur le sens de ce festival et de toucher encore davantage la communauté éducative. Un 10e anniversaire, ça marque dix ans d’existence et donc le fait que ce festival a du sens, que beaucoup de monde s’y intéresse et qu’il faudra encore davantage communiquer pour le stabiliser par la suite puisque chaque année, il est toujours difficile de trouver les financements, tous les moyens pour continuer à l’animer, le faire vivre. Et puis peut-être faudra-t-il construire un hôtel, la fréquentation a tellement évolué ces dernières années que ce serait une nouveauté ! C’est une plaisanterie bien sûr, mais il est vrai que la taille du Festival devient importante par rapport à celle de la ville ! Si le Festival ne peut pas grossir beaucoup plus à Évreux, il pourrait s’étendre sous d’autres formes en régions. C’est une autre évolution possible qui reposerait ainsi sur les festivals décentralisés en régions. Puisqu’on négocie des droits de diffusion pour les films primés, cela leur permettrait de connaître une seconde vie et de rencontrer d’autres publics toute l’année dans toutes les régions où des CEMEA partenaires existent. Il y a encore une grande marge auprès des CEMEA de régions qui sont présents ici, choisissent leurs films, sont attentifs et presque impatients de connaître les films primés. Ils les présenteraient par la suite en régions. Par exemple – puisque vous êtes de Eu – pourquoi ne pas imaginer des projections dans votre ville en lien avec le lycée ? En terme de progression, il y a encore de la marge, beaucoup de choses à inventer !

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